vendredi, mars 28, 2008

L’humiliation inutile des épouses d’hommes politiques infidèles



Le 11 mars, les images ont fait le tour du monde, le gouverneur démocrate de l’Etat de New York, Eliott Spitzer a dû publiquement reconnaître qu’il avait été le client assidu d’un réseau de prostitution à Washington qui lui a coûté des centaines de milliers de dollars. Pendant les 67 secondes de sa confession, Spitzer est apparu avec sa femme, blême et défaite, à ses côtés. Celle-ci, diplômée de Harvard, ancienne avocate de Wall Street qui gagnait autrefois plus que son mari et mère de trois adolescentes, a dû partager son humiliation. Avant Silda Spitzer, bien d’autres ont vécu cet affront. Hillary Clinton pour ne citer qu’elle, avait soutenu son mari, soupçonné d’avoir une aventure extraconjugale en 1992 en pleine campagne électorale.

Pourquoi les épouses d’hommes politiques sont-elles jetées en pâture à la presse en même temps que leur mari fautif ? demande le San Francisco Chronicle qui explore plusieurs pistes. L’épouse fait équipe avec son mari, quand il a des ennuis toute l’équipe est concernée. Les confessions publiques qui sont à la fois du théâtre politique, et une forme de thérapie, imposent trois choses à l’épouse : préserver l’unité de la famille pendant la crise, soutenir la personne qu’elle est supposée aimer, et montrer à son homme que sa vie politique n’est peut être pas finie.

Pour Debbie Walsh directrice du département femmes et politique à l’université Rutgers, avoir sa femme à ses côtés permet au mari de paraître un peu moins mauvais. Paul Apostolifdis, professeur de sciences politiques à l’université Whitman (Washington), estime que les conservateurs dont la percée remonte aux années 80 ont mis à la mode les confessions publiques. Or, pour les conservateurs religieux se montrer avec sa femme dans des moments difficiles, est la preuve que la famille, valeur suprême, est unie derrière le pêcheur.

L’écrivaine Naomi Wolf, rappelle enfin qu’il a été très facile pour le FBI d’espionner et d’enregistrer Spitzer, ennemi politique de l’administration Bush. C’est là que réside le scandale. Quant à l’attitude de sa femme, cela ne nous regarde pas !

Pour le quotidien espagnol ABC l'attitude de Silda Spitzer s'apparente à celle d'une femme battue, en état de dépendance psychologique, incapable de réagir aux mauvais traitements infligés par son conjoint.

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Anne COLLET